Misscancan  des livres et des auteurs francophones ...

Des histoires, des romans, des auteurs francophones

Mary Bisenti

Détails

Mathieu Biasotto

Détails

Karine Lambert

Détails

Mathias Malzieu

Détails

Katja Lasan

Détails

La vérité peut être un poison

Par Mary Bisenti

Roman

ISBN : 979-10-94895-29-0

Extrait


Chapitre I

Kibbotz E... - Région d'Eilat - Israël

 Comme chaque matin, quand Nicolas était au kibboutz, David se dirigea vers son bungalow qui était à l’écart des autres. Le rite immuable du café de neuf heures chez Nicolas Meyer, lui permettait d’avoir une coupure au cours de ses journées chargées. Être gestionnaire d’un kibboutz n’était guère de tout repos.

 Leur passion commune pour l’archéologie les avait rapprochés. Il se sentait moins seul, depuis la mort de son épouse Rebecca, grâce à l’amitié de Nicolas. Il n’aurait, renoncé pour rien au monde à ces moments privilégiés.

 Après avoir frappé deux fois, ne recevant toujours pas de réponse, il décida de rentrer. La porte n’était pas fermée à clé. La voiture était devant le bungalow. Forcement Nicolas devait être chez lui.

 Le salon était dans la pénombre. Il appela sans succès. Il se dirigea vers la chambre, le lit n’était pas défait. Résigné à partir, se cognant contre la table, il remarqua une forme écroulée dans le gros fauteuil en cuir près de la fenêtre. Il alluma la lampe qui se trouvait à côté, « Nicolas », « Nicolas », aucune réponse. La posture du corps était étrange. Une légère bave rosâtre autour des commissures des lèvres l’alarma.

 Ceux qui ont participé à des combats le savent, ce n’est jamais bon signe. Un soldat blessé qui crache du sang, n’a guère de chance de s’en sortir. Il lui prit le pouls, aucun battement, Meyer, ne respirait plus. Il remarqua, qu’il tenait serrée contre lui, une lettre à son intention. Les larmes lui vinrent aux yeux. L’enveloppe portait la mention, « à mon ami David » et contenait un simple mot :

« Mon Ami David,

Je n’ai pas eu le temps de te préparer ton café, j’ai une autre tâche qui m’attend, me présenter devant l’Eternel… Je suis contraint et forcé de te dire adieu. Ne m’en veux pas, je n’ai jamais su gérer les impératifs. Peux-tu contacter le colonel Amad D…., de ma part et lui signaler ma défection ? Ci-joint son téléphone. N’appelle pas la police. C’est mon dernier vœu. Nicolas ».

 Je fis, ce que me demandait Nicolas. J’annonçai à la communauté que Nicolas Meyer nous avait quitté à son corps défendant. Nous étions tous habitués à son humour caustique. L’annonce détendit l’atmosphère.

 Chacun voulut le voir une dernière fois. Le bungalow était plein comme un œuf, quand les enquêteurs arrivèrent. Fou furieux, le colonel Amad D…. mit tout le monde à la porte avec perte et fracas. Je sortis le dernier.

– Qui est David ? Hurla le colonel. Je me retournai et levai la main.

– Suivez-moi.

 On s’installa dans la cuisine. Je répondis aux questions d’usage : nom, prénom, âge, pourquoi je me trouvais chez Meyer. Après dix minutes de questions, j’allais m’insurger, quand le colonel me raccompagna à la porte. Avant de partir, il me demanda de lui confier le mot écrit à mon intention par Nicolas Meyer.

– Ne vous inquiétez pas, je vous le restituerai dès que l’enquête sera finie. Merci de m’avoir contacté aussi vite, David.

***

Perquisition du bungalow

 En tant que colonel des services spéciaux et dans ce cas précis, j'avais tous pouvoirs. Je renvoyai les équipes avec le corps. Le médecin légiste avait laissé entendre, qu’il s’agissait d’un empoisonnement. L’autopsie confirmerait les causes exactes du décès. La perquisition du bungalow ne donna pas grand-chose. J’appelai le général Aaron C...

– Allo, c’est Amad.

– Qu’as-tu trouvé ?

– Pas grand-chose à part une grande quantité de bouquins et les clés d’un appartement à Jérusalem.

– Connu de nos services ?

– Je ne crois pas, moi je ne le connaissais pas. Toi peut-être ?

– Je ne pense pas. Rien d’autre ?

– Une lettre qui m’est adressée, dissimulée derrière une rangée de livres.

– Tu l’as lue ?

– Pas encore.

– Ne l’ouvre pas, reviens au bureau, je t’attends.

***

Un mois plus tôt

 Conduire est un sport que j’apprécie au plus haut point, aujourd’hui j’étais impatient d’arriver. Tout au long du chemin du retour vers Jérusalem, je me remémorais ma dernière entrevue avec Nicolas Meyer.

 Environ un mois plus tôt, le général Aaron C…. m’avait chargé d’une mission qui consistait à convaincre Nicolas Meyer, d'accepter une rencontre avec lui, au plus vite.

 La dernière fois qu'ils avaient travaillé ensemble, l'affaire avait mal tourné, par manque d'anticipation du général. Depuis, ils étaient devenus les meilleurs ennemis au monde.

 Lui en voulait-il encore de la mort d'un des intervenants ? Je n'allais pas tarder à le savoir. Si ma mission échouait, je ne savais pas vers qui me tourner pour l'accomplir. C'est à cette occasion, que Nicolas me parla de sa fille Myriam Richarson.

– Amad, si j'accepte de rencontrer le général et de l’aider, c'est à charge de revanche.

 Nicolas avait toujours des idées saugrenues, je craignais le pire.

– Qu'entends-tu par « à charge de revanche » ?

– Je veux que tu me promettes, si la mission tourne mal, de prendre soin de ma fille.

– Impossible, tu es le seul sur le coup.

– Pas besoin de voyager ?

– Non, c'est en sorte un boulot de gratte-papier.

– Tu veux dire vérifier des théories, des documents ?

– Je suis uniquement mandaté, pour obtenir ton accord à ce rendez-vous. Je n'en sais pas plus que toi.

– Tu en as bien une petite idée, tout de même ?

– Je peux t'assurer une seule chose, tes conditions seront les siennes.

– Où aura lieu la rencontre ?

– Dans une base militaire, près d'Eilat.

– Pas très discret. Si vous faites appel à moi, je suppose que notre rencontre doit rester discrète. Je me trompe ?

– Ultrasecrète. As-tu une meilleure idée ?

– Je dois me rendre à un concert à Tel Aviv.

– Tu exiges qu'il s'avale un concert classique !

– Je sais, il a une sainte horreur de mettre un smoking.

– Ce n'est pas vraiment son style !

– Ma mère disait : « un parterre de fleurs parsemé de pingouins, c'est tout ce qu'il y a de plus normal dans un théâtre ».

– Un peu de culture n'a jamais fait de mal à personne. Je transmets; tu ne changeras pas d'avis ?

– Si le général fait appel à mes services, c'est qu'il n'a pas d'autre solution sous la main.

– Des solutions, nous pouvons en trouver. Il fait appel à toi parce que tu es le meilleur. Tu es aussi le seul en qui il ait confiance, sans aucune restriction.

– Arrête les violons Amad, j'ai accepté le rendez-vous. Pour le reste, on verra sur « pièce ».

– Je te confirme au plus vite, si le lieu du rendez-vous lui convient. Prends ce portable et jette-le après avoir reçu mon appel.

– Tu es d'accord pour ma fille ?

– Je suis son serviteur, cela te convient.

– Je ne t'en demande pas autant. Considère-la comme un membre de ta famille et je serai tranquille.

– Du moment que c'est ta fille, elle sera beaucoup plus qu'un membre de ma famille. Shalom Nicolas, soit prudent.

 C’était la dernière fois que je voyais Nicolas Meyer vivant.

***

 J’arrivai tard dans la nuit, le général m’attendait, il tournait autour de son bureau comme un ours en cage. La soirée promettait d’être longue et agitée.

– Pas trop fatigué, je t’offre un café ?

– Plutôt de l’eau, je suis assez énervé.

 Je déposai sur son bureau, la lettre de Meyer et les clés de l’appartement. J’allais m’avachir sur le canapé des visiteurs, j’avais besoin d’allonger mes jambes et de me détendre les muscles.

 Le général me tendit la lettre, après l’avoir parcourue rapidement.

– Lis, ce sera plus simple.

« Mon Cher Amad,

  Le temps m’est compté. Je me vois dans l’obligation de te rappeler ta promesse. Je te joins, les clés de mon appartement à Jérusalem rue L…… dans la vieille ville. Tu aurais fini par le découvrir, inutile que tu perdes du temps à le chercher.

Pourquoi je n’en ai jamais parlé ? L’histoire est trop longue à vous raconter. Trouve ma fille Myriam Richarson, elle seule pourra t’en dire davantage. Moi, je n’ai plus la force d’écrire.

J’espère que tu pourras lire ces lignes, avant qu’il ne soit trop tard. Dit à Aaron que j’ai été heureux de le revoir et de collaborer à nouveau avec lui. Adieu, mes amis.

Nicolas Meyer, physicien ou illusionniste ? ».

– Amad, qu’est-ce que c’est encore ce charabia ? Quelle promesse, lui as-tu fait, tu connais sa fille Myriam Richarson ?

– Il a toujours eu un humour surprenant. Je lui ai promis de protéger sa fille. Non, je ne la connais pas. Quand je la verrai, il faudra aussi lui demander ce que signifie ce charabia.

– De quoi avait-il peur ?

– Que ça tourne mal comme la dernière fois.

– Il t’avait déjà parlé de sa fille ?

– Jamais. On perquisitionne l’appartement de Jérusalem; dès demain matin ?

– Oui, discrètement avec le capitaine Ana B…. Mets deux veilleurs dans la rue par sécurité. N’oublie pas que vous êtes dans la vieille ville.

– A demain. Je te tiens au courant.

 Le colonel Amad D… parti, le général Aaron C… se mit à écrire machinalement les mots physicien et illusionniste sur une feuille blanche. C’était étrange, lors de leur rendez-vous à Tel Aviv, au cours de leur entretien, Meyer avait employé une phrase imagée du même style.

 Lorsque le colonel Amad D….m’informa des exigences de Meyer, concernant notre future rencontre, j’ai bien failli y renoncer. Je n’avais pas le choix et très peu de marche de manœuvre. Le temps nous était compté.

 Nicolas Meyer était le meilleur dans son domaine. Je ravalai ma rage et donnai mon aval. Un concert de musique classique, de surcroît, à Tel Aviv, pourquoi pas un spectacle de marionnettes à Tokyo. Il commençait à manquer d’imagination le salopard.

***

Le général Aaron C… confie une mission à Nicolas Meyer

 Contraint et forcé, je me rendais à Tel Aviv, environ trois semaines avant la mort de Meyer. Sa mère avait raison, retrouver un pingouin dans cette foule, c'était presque impossible. Après l'entracte, je restais au bar bien en vue. Le foyer du théâtre n'allait pas tarder à se vider. Je le repérais enfin et lui donnais une légère tape sur l'épaule...

 

Fin de l'extrait

***

Du même auteur

--------------------------

La vérité peut être un poison

--------------------------

La mère d’un « Macho ». Tome I

La fille aux lunettes noires. Tome II

Les anges savent rirent

Série : Les enquêtes du Commissaire Marceau

--------------------------

La ballerine en tutu noir

Série : Les secrets de Carmen Blackbird

--------------------------

Droits d'auteur © Mary Bisenti, 2015

Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

 

Sign up our newsletter

Aller au haut